Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et complications infectieuses graves – Point d’Information actualisé le 20/05/2020.

Mise à jour du 20 mai 2020

Suite à cette analyse, le PRAC a conclu en avril 2020 que la prise d’ibuprofène ou de kétoprofène (par voies orale, rectale ou injectable) peut entrainer, lors de certaines infections, un masquage des symptômes comme la fièvre ou la douleur, conduisant à un retard de prise en charge du patient avec pour conséquence un risque de complications de l’infection. Le PRAC a également conclu que ce risque a été observé pour des infections bactériennes dans un contexte de varicelle et de pneumonie.

Afin de réduire ce risque, le PRAC a recommandé que l’ensemble des documents d’information (notices pour les patients et/ou résumé des caractéristiques du produit) de toutes les spécialités contenant de l’ibuprofène ou du kétoprofène soient modifiées pour mentionner :

  • le risque de masquer les symptômes d’une infection bactérienne en prenant ces AINS ;
  • une recommandation aux médecins de suivre l’évolution de l’infection en cas d’utilisation de ces médicaments dans un tel contexte ;
  • une consigne pour les patients de consulter leur médecin si les symptômes de fièvre et/ou de douleur persistent ou s’aggravent, et d’utiliser l’ibuprofène et du kétoprofène à la dose minimale efficace pendant la durée la plus courte nécessaire au soulagement de ces symptômes.

Des textes de référence seront communiqués par l’agence Européenne du médicament  prochainement, sur la base desquels les titulaires des autorisations de mise sur le marché devront modifier les documents d’information de leurs spécialités concernées.

Dans ce contexte, nous rappelons les règles de bon usage de l’ibuprofène et du kétoprofène lorsqu’ils sont utilisés pour traiter une fièvre et/ou des douleurs ponctuelles.

L’ANSM rappelle aux patients et aux professionnels de santé
De privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, en particulier en automédication.Les règles du bon usage des AINS en cas de douleur et/ou fièvre : Prescrire et utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte.Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes.Eviter les AINS en cas de varicelle. Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre.Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur.Ne pas prendre deux médicaments AINS1  en même temps.Si vous êtes actuellement traité au long cours par un anti-inflammatoire non stéroïdien, par exemple pour une pathologie rhumatismale, n’arrêtez pas votre traitement et rapprochez-vous de votre médecin si vous avez des doutes, notamment en cas de fièvre.

Les éventuels effets de la prise d’ibuprofène ou de kétoprofène chez les patients atteints par le COVID-19 n’ont pas fait l’objet d’un examen par le PRAC dans le cadre de cette analyse initiée en 2019.

Pour en savoir plus sur la prise de médicaments et l’infection à COVID-19 : consultez le site internet https://sfpt-fr.org/covid19

Informations du 18 avril 2020

Suite aux signalements de complications infectieuses graves avec les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS)[ 1]  utilisés dans la fièvre ou la douleur, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a confié, en juin 2018, aux centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille, une enquête nationale de pharmacovigilance portant sur les deux AINS les plus utilisés dans ces indications, l’ibuprofène et le kétoprofène.

Les conclusions de cette enquête suggèrent le rôle aggravant de ces AINS en cas d’infection. L’ANSM a partagé ces résultats avec ses homologues européens afin qu’une analyse collective soit engagée.

Les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS)1  tels que l’ibuprofène et le kétoprofène font l’objet de signalements de pharmacovigilance portant sur des complications infectieuses graves.

Les centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille ont réalisé une enquête de pharmacovigilance afin d’investiguer le risque de complications infectieuses grave associé à la prise d’un AINS chez l’adulte et l’enfant en se focalisant sur les deux AINS indiqués dans la fièvre et les douleurs légères à modérées les plus utilisés : l’ibuprofène et le kétoprofène .

L’objectif de cette enquête était de déterminer si ces complications infectieuses graves étaient favorisées par la prise de l’AINS ou si elles traduisaient l’évolution de la pathologie infectieuse initiale.

Résultats de l’enquête

Sur l’ensemble des cas rapportés depuis l’année 2000, 337 cas de complications infectieuses avec l’ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène ont été retenus après avoir pris en compte uniquement les cas les plus graves chez des enfants ou des adultes (souvent jeunes) sans facteur de risque ni comorbidité. Il s’agit d’infections sévères de la peau et des tissus mous (dermohypodermites, fasciites nécrosantes,…), de sepsis, d’infections pleuro-pulmonaires (pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie), d’infections neurologiques (empyèmes, abcès cérébraux,…) ou ORL compliquées (cellulites, médiastinites,…), à l’origine d’hospitalisations, de séquelles voire de décès.

Ces complications infectieuses (essentiellement à Streptocoque  ou à Pneumocoque ) ont été observées après de très courtes durée de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsque la prise d’AINS était associée à une antibiothérapie. Elles sont survenues alors que l’ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances telles que des atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d’insecte,…), des manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire,…) ou ORL (dysphagie, angine, otite,…).

L’analyse de ces cas ainsi que l’analyse des données de la littérature (études expérimentales et études de pharmaco-épidémiologie),  suggère que ces infections, en particulier à Streptocoque,  pourraient être aggravées par la prise de ces AINS.

L’enquête met également en évidence qu’il persiste une utilisation de ces AINS en cas de varicelle. L’ANSM rappelle que les AINS sont déjà connus comme pouvant être à l’origine de complications cutanées bactériennes graves (fasciite nécrosante) lorsqu’ils sont utilisés au cours de la varicelle et doivent être évités dans ce cas.

Dans ce contexte, l’ANSM souhaite mettre en garde, dès à présent, les professionnels de santé, les patients et les parents sur ce risque de complication infectieuses graves susceptibles d’avoir des conséquences sérieuses pour la santé des patients.

Lire aussi

[1]  AINS avec une indication antalgique et/ou antipyrétique (hors indication rhumatologique) : l’acide tiaprofénique, l’acide méfénamique, acide niflumique, l’alminoprofène, le diclofénac, le fénoprofène, le flurbiprofène, l’ibuprofène, le kétoprofène, le morniflumate et le naproxène.