Il n’existe pas actuellement en France de risques d’une « crise des opioïdes » comparable à celle qui a cours en Amérique du Nord. La crise sanitaire liée aux opioïdes affectant les Etats-Unis depuis le début des années 2000, avec une implication croissante du fentanyl dans les surdoses mortelles, suscite l’inquiétude des acteurs de santé publique de l’Union européenne. Cette note de synthèse dresse un état des lieux de la situation du fentanyl et des fentanyloïdes en France. Ils y font l’objet d’une diffusion marginale dans la population. Néanmoins, compte tenu de la forte dimension létale liée au mésusage de ces opioïdes, l’amélioration des signaux relatifs à leur circulation et leur consommation constitue un objectif prioritaire des autorités sanitaires. La note évoque donc les mesures mises en place par les pouvoirs publics pour prévenir une aggravation du nombre de surdoses.
Extrait de la synthèse :
« En France, la prescription de fentanyl est indiquée dans la prise en charge de douleurs chroniques, notamment d’origine cancéreuse (Tournebize et al., 2020).
Si le mésusage du médicament existe, il concerne avant tout des consommateurs issus de la « population générale » – différents de la grande majorité du public pris en charge dans les structures d’addictologie – qui accèdent au produit par des prescriptions destinées à eux-mêmes ou à des proches. Deux tiers des cas d’abus concerneraient des patients sans pathologies cancéreuses, une situation qui serait due en partie à des prescriptions hors indication, lesquelles représentaient entre 2016 et 2018 respectivement 55, 67, 50 % des prescriptions de spécialités de fentanyl transmuqueux (Centre d’Addictovigilance de Nancy, 2020).
Les données fournies par les autorités sanitaires mettent ainsi en évidence deux profils :
- d’une part, des femmes quadragénaires bénéficiaires d’une prescription initiale d’opioïde pour des douleurs chroniques non cancéreuses, ayant des antécédents spécifiques en addictologie et/ou psychiatrie et utilisant en priorité le fentanyl transmuqueux (comprimé sublinguale ou gingivale, pulvérisateur nasal, etc.) ;
- d’autre part, des hommes trentenaires avec des antécédents addictifs et/ou psychiatriques (Tournebize et al., 2020).
Les signalements à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de cas de mésusage avérés montrent que les formes transdermiques (patchs) sont légèrement plus souvent détournées de leur usage initial : 147 observations, notamment au profit de la voie orale (13 cas, dans lesquels le produit est mâché et/ou fumé) et de l’injection (4 cas), que les formes transmuqueuses. En termes de mortalité, 19 décès ont été rapportés entre 2010 et 2015, en grande majorité en lien avec la forme patch (17 cas) (Tournebize et al., 2020). »
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