Les antibiotiques constituent une ressource majeure en médecine humaine et vétérinaire. Mieux les utiliser est essentiel pour préserver leur efficacité et lutter contre les mécanismes de résistances développés par les bactéries. Dans le cadre de ses actions de promotion du bon usage des antibiotiques, l’ANSM, en lien avec EPI-PHARE, publie aujourd’hui la 7e édition de son rapport sur l’évolution de leur consommation entre 2000 et 2020, en médecine de ville comme à l’hôpital. Bien que la consommation des antibiotiques en France reste parmi les plus élevées en Europe, plusieurs périodes de diminution significative ont été observées ces vingt dernières années, notamment entre 2001 et 2004, après la campagne de l’Assurance Maladie “les antibiotiques c’est pas automatique”, puis à partir de 2016 après plusieurs mesures interministérielles pour maîtriser leur utilisation. En 2019, puis en 2020 lors des premiers mois de la pandémie de Covid-19, une baisse importante de la consommation des antibiotiques a été observée en ville. Les données de consommation des prochaines années permettront de confirmer ou non cette tendance. Les résultats de l’année 2021 laissent en effet présager que cette baisse s’expliquerait plutôt par les confinements et les gestes barrières mis en place durant cette crise sanitaire.
Si l’essor des antibiotiques depuis la fin des années 1940 a conduit à une réduction et à un contrôle des infections bactériennes, il s’est aussi accompagné d’une réduction de leur efficacité, au point de générer des impasses thérapeutiques de plus en plus fréquentes, parfois dramatiques pour des patients, dans un contexte de faible innovation thérapeutique.
En évitant leur prescription inutile et en préservant leur efficacité grâce au bon usage, la baisse de la consommation des antibiotiques demeure plus que jamais une priorité.
Chiffres clés de la consommation des antibiotiques en France
De 2000 à 2019
Une évolution de la consommation en France marquée par 3 périodes :
- 2000-2004 : réduction importante de 22% ;
- 2005-2016 : stabilisation (la consommation variant au maximum de ± 7% d’une année à l’autre) ;
- 2016-2019 : amorce d’une nouvelle baisse : – 8,5%.
En ville :
- Un recours privilégié aux pénicillines comme l’amoxicilline (+ 18% entre 2000 et 2019) ;
- Une régression importante des céphalosporines (- 72% entre 2000 et 2019) ;
- Une forte baisse de l’utilisation des fluoroquinolones (- 44% entre 2000 et 2019) ;
- En 2019, 2 prescriptions sur 3 effectuées dans le cadre d’une affection des voies respiratoires ; 1 prescription sur 7 effectuée dans le cadre d’une affection de l’appareil urinaire.
En établissements de santé :
- Les pénicillines et les céphalosporines sont les 2 classes d’antibiotiques les plus utilisées ;
- L’amoxicilline/acide clavulanique est l’antibiotique le plus utilisé ;
- Selon la classification des antibiotiques critiques, le recours aux antibiotiques à usage restreint y est plus important qu’en ville.
En 2020, une consommation atypique, liée à la crise Covid-19
- Une baisse marquée de la consommation des antibiotiques, – 19% entre 2019 et 2020, soit autant que la baisse enregistrée sur la période 2000 – 2019 (- 20%).
- Une réduction portée par une baisse des antibiotiques les plus utilisés en ville, comme à l’hôpital :
- Amoxicilline : – 30% en ville et – 16% à l’hôpital ;
- Amoxicilline-acide clavulanique : – 15% en ville et – 20% à l’hôpital.
- Une structure de la consommation modifiée en établissements de santé marquée par :
- un doublement de la consommation des macrolides par rapport à l’année 2019, passant de 0,05 à 0,09 DDJ/1000 habitants/ jour ;
- des niveaux de consommation équivalents : environ 0,15 DDJ/1000 habitants/jour, correspondant à des parts comprises entre 9 et 10% pour les quinolones, les macrolides, lincosamides et streptogramines ainsi que les autres antibactériens.
Les antibiotiques, bien se soigner c’est d’abord bien les utiliser
Santé publique France a lancé une campagne d’information pour rappeler que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les maladies virales.
En effet, les antibiotiques n’ont aucune efficacité contre les infections virales, dont les bronchiolites, la grippe, le Covid-19, les rhinopharyngites et la grande majorité des angines et des otites.
Si un antibiotique est nécessaire, nous invitons les professionnels de santé à consulter les recommandations de bonne pratique élaborées par la Haute Autorité de santé.