<![CDATA[L’Agence Nationale de de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle le risque grave mais rare d'effet indésirable immuno-allergique, plus fréquemment rapporté en France avec la fluindione (Préviscan® 20 mg, comprimé quadrisécable) en comparaison avec les autres anti-vitamines K (AVK), tel que mentionné dans le Résumé des Caractéristiques du Produit; et demande aux professionnels de santé d'être vigilants, particulièrement au cours des 6 premiers mois de traitement.
Résumé :
- Les risques immuno-allergiques (néphropathie tubulo-interstitielle aiguë, syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques ou DRESS syndrome) surviennent majoritairement au cours des 6 premiers mois de traitement.
- Lors de l’initiation d’un traitement anticoagulant oral, le choix de l’anticoagulant doit prendre en compte l’ensemble des bénéfices et des risques attendus, en particulier, le risque immuno-allergique.
- Chez les patients ayant récemment débuté un traitement par fluindione (moins de 6 mois) :
- La fonction rénale doit être surveillée régulièrement au cours des 6 premiers mois de traitement ainsi que tout signe pouvant évoquer un effet indésirable immuno-allergique de type cutané, hépatique ou hématologique;
- Considérer le rôle potentiel de la fluindione en cas d’altération de la fonction rénale et/ou du bilan hépatique, d’apparition d’une neutropénie brutale ou de manifestations cutanées, surtout dans les mois qui suivent l’initiation du traitement;
- En cas de confirmation de diagnostic d’atteinte immuno-allergique: arrêter rapidement et définitivement le traitement par fluindione, envisager le remplacement par un autre anticoagulant et envisager la mise en place d’une corticothérapie à débuter dans les meilleurs délais.
- Pour les patients traités par fluindione au long cours (plus de 6 mois) et bien équilibrés, les données de sécurité ne justifient pas de modifier le traitement. En effet, toute période de changement de traitement anticoagulant constitue une situation à risque d’évènements hémorragiques et/ ou thromboemboliques potentiellement graves.
Informations complémentaires :
La fluindione (Préviscan® 20 mg, comprimé quadrisécable) est un anticoagulant de la classe des AVK, et plus particulièrement de la famille pharmaco-chimique des phenyl indanes diones, autorisé en France depuis 1988. L’ANSM a mis en place une enquête de Pharmacovigilance visant à caractériser et à évaluer l’incidence des effets immuno-allergiques graves des AVK. Cette enquête a confirmé que l’utilisation de la fluindione est plus fréquemment associée à la survenue d’atteintes immuno-allergiques, rares, mais souvent sévères. En particulier, des atteintes rénales à type de néphropathie tubulo-interstitielle isolée ou associée à des signes d’hypersensibilité ont été rapportées. L’évolution a généralement été favorable après l’arrêt précoce du traitement et la mise en place d’une corticothérapie . Cependant, une altération de la fonction rénale persistait chez 43% des patients notamment avec apparition d’une insuffisance rénale chronique ou aggravation d’une insuffisance rénale chronique préexistante. A noter que dans 43% des cas, l’arrêt de la fluindione a été tardif, probablement par méconnaissance du lien de causalité avec ce médicament.
Par ailleurs, cette enquête a permis d’identifier plusieurs cas d’atteintes cutanées immuno-allergiques de type DRESS (association variable, d’une éruption cutanée, d’une fièvre, d’une hyperéosinophilie et d’une atteinte d’organe), pustulose exanthématique aiguë généralisée, de toxidermies sévères et de vascularites. Des cas de neutropénies sévères et d’hépatites possiblement immuno-allergiques ont également été identifiés.
De tels effets indésirables ont, en revanche, été notifiés moins fréquemment avec les AVK de la famille des coumariniques (warfarine et acénocoumarol). De plus, il n’a pas été observé de réaction croisée entre la fluindione et les dérivés coumariniques. En conséquence, un patient ayant présenté une réaction d’hypersensibilité à la fluindione peut, après arrêt définitif de Previscan®, être traité par un dérivé coumarinique.]]>